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Les algues comme biocarburant du futur : une alternative durable pour l’industrie et les transports

Les algues comme biocarburant du futur : une alternative durable pour l’industrie et les transports

Les algues comme biocarburant du futur : une alternative durable pour l’industrie et les transports

Quand les algues deviennent or vert : pourquoi tout miser (ou presque) dessus

Et si notre avenir énergétique venait de la mer ? Depuis plusieurs années, les scientifiques, startups et industriels scrutent les algues avec beaucoup d’intérêt. Ces organismes aquatiques, aux allures parfois peu ragoûtantes, pourraient bien devenir les stars d’une énergie plus propre, renouvelable et disponible en abondance : le biocarburant à base d’algues. Entre promesses écologiques, efficacité technique et potentiel économique, les algues pourraient révolutionner les carburants des secteurs les plus difficiles à décarboner, comme le transport aérien ou maritime, mais aussi certaines industries fortement émettrices.

Pourquoi les algues ? Ces super-plantes aux pouvoirs insoupçonnés

Les algues, qu’elles soient microscopiques (microalgues) ou visibles à l’œil nu (macroalgues), ont un superpouvoir : elles capturent efficacement le CO₂ tout en produisant des lipides, des glucides et des protéines à très haute densité. En clair, elles poussent vite, sur peu de surface, sans engrais et sans voler les précieuses terres agricoles. Contrairement aux premiers biocarburants de « première génération » (comme ceux issus du maïs ou du colza), les algues ne menacent ni la sécurité alimentaire, ni la biodiversité terrestre.

D’après un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), certaines variétés de microalgues peuvent produire jusqu’à 100 fois plus d’huile par hectare que le soja, tout en absorbant du CO₂ lors de leur croissance (IEA, Advanced Biofuels, 2020).

Un biocarburant taillé pour l’aviation et la marine

Le transport est aujourd’hui responsable de près de 25 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Si l’électrification est une solution adaptée à la voiture, les secteurs aérien et maritime, eux, sont beaucoup plus complexes à décarboner. Ces industries ont besoin de carburants à très haute densité énergétique pour parcourir de longues distances, sans pouvoir embarquer des batteries lourdes et encombrantes.

Les biocarburants issus des algues pourraient donc fournir une solution compatible avec les infrastructures existantes. Ils peuvent être raffinés en drop-in fuels, c’est-à-dire des carburants utilisables dans les moteurs d’avions ou de cargos sans modifications majeures.

En France, l’Ademe (Agence de la transition écologique) estime que la production d’algocarburants pourrait représenter un potentiel non négligeable vers les objectifs de décarbonation de la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) d’ici 2050.

Une production encore balbutiante… mais pleine d’avenir

La fabrication de carburants à partir d’algues implique plusieurs étapes : culture, récolte, extraction des lipides et transformation par des procédés tels que la fermentation ou la transestérification. Aujourd’hui, ces technologies sont encore coûteuses et peu matures à grande échelle. Mais plusieurs projets pilotes montrent la voie :

À l’échelle européenne, le projet AquaFuels rassemble universités, industriels et centres de recherche pour faire passer la production à un niveau économiquement viable.

Une réglementation française et européenne en phase

La directive (UE) 2018/2001 sur les énergies renouvelables, appelée RED II, impose à chaque État membre de porter la part d’énergie renouvelable dans les transports à au moins 14 % d’ici 2030. Elle encourage également les carburants issus de matières de seconde génération, comme les résidus et biomasses non alimentaires, ce qui inclut les algues.

En France, l’intégration progressive des biocarburants avancés dans le mix est stimulée par la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), qui soutient la diversification des sources et la réduction des émissions. Un décret de 2022 encadre aussi l’utilisation des biocarburants dans l’aviation (Décret n° 2022-540), imposant une part minimale de carburants durables dès 2022, avec une montée en puissance progressive jusqu’en 2030.

Des freins à lever pour faire des algues un standard énergétique

L’algocarburant est encore loin du plein potentiel industriel. Pourquoi ? Trois facteurs principaux ralentissent la montée en charge :

Mais les perspectives s’éclaircissent. De nombreuses études indiquent que, d’ici 2030 à 2040, les algues pourraient être intégrées de manière régulière dans la composition des carburants aériens ou maritimes, notamment grâce à des synergies avec la valorisation de coproduits (engrais, aliments pour animaux, biomatériaux…).

Un carburant aux multiples co-bénéfices environnementaux

Ce n’est pas juste une promesse verte : les algues ont des avantages écologiques multiples.

De plus, certaines espèces de microalgues sont cultivées en recyclant les eaux usées ou les fumées industrielles, créant ainsi un cercle vertueux entre industrie et environnement.

Vers une popularité croissante auprès des grandes entreprises

L’essor de la RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) et les nouvelles obligations de reporting carbone (CSRD en Europe dès 2024) poussent les entreprises à chercher des solutions bas-carbone. Les grands groupes de l’énergie, mais aussi les géants du transport, investissent déjà dans ces filières naissantes.

Exemple inspirant : la compagnie de croisières norvégienne Hurtigruten collabore avec des producteurs scandinaves pour faire tourner ses navires avec des biocarburants à base d’algues, avec pour ambition de devenir neutre en carbone d’ici 2030.

L’océan vous le rendra : une énergie bleue à soutenir

À l’heure où le dérèglement climatique impose des solutions audacieuses, les algues se profilent comme une réponse crédible, durable et circulaire. Si les défis restent grands, ils ne sont pas insurmontables. Comme le dit joliment un vieux proverbe breton : « Ceux qui veulent faire quelque chose trouvent un moyen ; les autres trouvent une excuse. »

Alors, investir collectivement dans l’algocarburant, c’est offrir au futur une alternative capable de réduire notre dépendance vis-à-vis du pétrole, tout en valorisant nos vastes ressources marines. L’économie bleue ne fait que commencer à déferler sur nos territoires.

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